IMPRUDENTS APACHES !
Comment un fort de la Halle corrigea deux malandrins qui venaient de le dévaliser
Puisque la police est impuissante vis-à-vis des gredins qui terrorisent Paris, il faut, nous dit-on souvent, nous défendre nous-mêmes.. Oui dà !... La chose est belle à dire, mais il y a un inconvénient : c' est que, les trois quarts du temps, nous ne serions pas les plus forts.
Ah ! que n' avons-nous les biceps, la poigne et l' esprit de décision du brave porteur aux Halles dont la récente aventure fait le sujet de notre gravure ! C' en serait bientôt fini des apaches et de la terreur qu' ils répandent sur Paris.
Donc, M. Léon Parot, fort de la Halle, revenant, l' autre soir, de dîner chez un de ses parents, passait boulevard de la Chapelle quand, se sentant la tête alourdie par la chaleur et aussi par un repas copieux, il s' étendit sur un banc et s' endormit
Deux malandrins qui rôdaient dans le square s' approchèrent de lui tout aussitôt, et à l' aide d' un couteau, décousirent la poche du pantalon du dormeur, dans la-quelle se trouvait un bonnet contenant une somme rondelette en pièces blanches. L' opération terminée, ils s' esquivaient, quand, le bonnet étant percé, des pièces s' en échappèrent et roulèrent sur le sol. A ce bruit, M. Parot se réveilla. Il vit les apaches s' enfuir. Il se jeta à leur poursuite et les rejoignit.
Alors se passa une scène à la fois dramatique et comique : saisissant chacun des malfaiteurs, M. Parot se servit de l' un pour assommer l' autre et réciproquement, tant et si bien que, au bout de quelques minutes, ils étaient inertes et tout sanglants. Satisfait, M. Pavot s' assit alors sur le bord du trottoir et, allumant sa pipe, attendit le passage des agents.
Ceux-ci durent transporter les deux malfaiteurs dans une pharmacie, où on les ranima. Ce sont deux repris de justice en état de vagabondage. Ils ont été écroués au Dépôt.

Le Petit Journal illustré du 22 Septembre 1907