L' incendie
Nos régions agricoles en ont singulièrement souffert ces
temps derniers. La sécheresse du mois de Septembre eut des résultats
désastreux. La paille des meules était tellement surchauffée
que la moindre étincelle, la plus petite imprudence d' un fumeur
a suffi souvent à déterminer l' incendie.
Au reste, il arrive que l' humidité ne vaille pas mieux que la
sécheresse. Lors des inondations de 1890, dont nous parlons plus
loin, des meules, en certains endroits, furent couvertes par l' eau ;
quand la crue se fut retirée, des fermentations se produisirent
et la paille s' enflamma spontanément. Ainsi, le feu détruisit
ce que l' eau n' avait pu emporter.
Enfin, il advient encore que les incendies de meules qui éclatent
au milieu de la nuit et sèment la ruine sur les campagnes soient,
le fruit de la malveillance. C' est ainsi que se manifeste trop souvent
la reconnaissance de certains chemineaux aux-quels les fermiers ont donné
asile.
Ce n' est point assez que l' agriculture ait à redouter toutes
les surprises des saisons mauvaises ; quand il croit sa récolte
assurée, il ne la tient pas encore, et il suffit de trop de sécheresse
ou de trop d' humidité, de l' imprudence des uns ou de la malveillance
des autres pour l' anéantir sous ses yeux.
Virgile a vanté en beaux vers les charmes de la profession agricole
; il n' en a pas dit tous les déboires et toutes les déceptions.
Le Petit Journal illustré
du 13 Octobre 1907
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