LES DÉVALISEURS DE TRAINS
L' attaque du rapide de
Toulouse entre Étampes et Étrechy ( Seine-et-Oise ) ( Novembre
1907 )
Cet attentat rappelle, par l' audace
de ceux qui l' ont commis, les agressions des brigands de grands chemins
d' autrefois.
Le rapide de Toulouse venait de passer en gare d' Étampes ; il
était près de quatre heures du matin quand le chef du train
Taldir et son aide Féline, qui étaient occupés à
classer leurs colis, entendirent un bruit suspect à la porte du
fourgon donnant sur l' entre-voie.
Soudain, la porte s' ouvrit et, dans l' embrasure, trois individus apparurent,
les vêtements boutonnés, le collet de leurs pardessus relevé.
Taldir, qui est d' une force peu commune, les interpella et leur enjoignit
de descendre. Puis, comme le chef de train s' aperçut que les trois
individus avaient leur revolver au poing, il se mit sur la défensive
et essaya de les repousser, en saisissant l' un d' eux à l' épaule.
A ce moment, l' un des bandits braqua son arme dans la direction de Taldir
et fit feu. Le chef de train éleva vivement le bras pour se préserver
du coup de feu. Mais il fut atteint à l' avant-bras et dut lâcher
prise.
Taldir appela au secours. L' homme d' équipe Féline, qui
remplissait les fonctions de fourgonnier et se trouvait, dans le fond
du wagon, occupé à ranger les colis de valeur, se précipita
à son aide. A son tour, il essuya un coup de feu et reçut
un projectile à la cuisse droite.
Féline s' affaissa ; il eut néanmoins le temps d' ouvrir
le robinet de bloquage des freins. Les freins à air comprimé
fonctionnèrent et le train stoppa.
Les trois malfaiteurs profitèrent du ralentissement. pour sauter
sur la voie et disparaître ensuite dans les taillis qui bordent
la ligne à droite et à gauche.
A ce moment, des voyageurs du train aperçurent les trois bandits
qui couraient pour gagner les taillis voisins, et qui, tout en tirant
des coups de revolver pour assurer leur retraite, ne tardaient pas à
s' effacer dans la nuit.
Cependant, les voleurs avaient eu le temps de jeter hors du fourgon huit
boîtes de recettes renfermant d' importantes valeurs. Trois de ces
boites furent retrouvées. Les bandits avaient réussi à
emporter les cinq autres qui contenaient chacune environ 2,000 francs.
Le Petit Journal illustré
du 8 Décembre 1907
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