L'ACTION FÉMININE


Les femmes françaises soignant les blessés au Maroc

Pendant que les « suffragettes » manifestent bruyamment à Paris, d'autres femmes françaises, plus modestement, font, au loin, besogne plus utile et plus généreuse.
Ce sont les infirmières volontaires qui soignent, au Maroc, nos soldats malades et blessés.
Les lecteurs du Petit Journal savent combien est admirable leur dévouement. Notre correspondant à Casablanca les a montrées accomplissant leur oeuvre de consolation et de charité.
Depuis le mois de Septembre dernier, les dames de l'Union des Femmes de France et de la Société de secours aux blessés ont assumé cette tâche noble entre toutes.
Elles sont là-bas soixante Françaises qui ne songent pas à faire de l'agitation électorale et se moquent bien de la conquête du bulletin de vote. Elles sont femmes, vraiment femmes, celles-là, par les plus belles qualités de l'âme féminine, par l'abnégation, par la pitié.
Et quelle simplicité... A Lalla-Marnia, un jour, le général Lyautey avait invité à déjeuner les infirmières volontaires. Elles lui firent cette jolie réponse :
Mon général, nous ne sommes ici que des infirmières comme les autres, et les infirmières ne peuvent pas déjeuner chez un général.
Et pourtant, combien peu faciles à soigner, ces malades et ces blessés qui leur sont confiés !... Spahis, turcos, légionnaires, goumiers, tous gaillards indomptables au combat, mais rebelles aux potions et aux prescriptions des médecins. Elles arrivent à les convaincre par la patience, par la douceur ; elles les ont conquis. Ils leur obéissent comme des enfants à leur mère... Le 1e1 Janvier dernier, en offrant leurs voeux à ces gracieuses, infirmières, des soldats leur disaient : « Vous êtes nos petites mamans et vous remplacez notre famille. »
La marine et l'armée ont décerné à ces femmes admirables les éloges les plus éloquents et les plus justifiés.
Le général Lyautey, récemment, disait à Mme Pérouse, la présidente de l'Union des Femmes de France : « Nous sommes pénétrés d'enthousiasme et de gratitude. C'est. une noble et belle expérience, concluante, et la cause des infirmières des sociétés d'assistance militaire est désormais gagnée pour toujours... »
Et cette cause-là, cette cause généreuse et vraiment féminine, est plus chère, à coup sur, à toutes les femmes de coeur, que l'autre cause, la cause féministe que quelques dames exaltées s'imaginent faire triompher en culbutant les urnes électorales.

Le Petit Journal illustré du 17 Mai 1908