BRIMADES ENTRE DÉTENUS
A LA PRISON MARITIME DE CHERBOURG
LE
SUPPLICE DU TOREADOR
On a découvert récemment
que des scènes de scandaleuse sauvagerie se passaient à
la prison maritime de Cherbourg.
Rentrant à bord du Valmy, après une punition
disciplinaire, le marin Brisset dut passer la visite sanitaire et l'
on constata qu' il avait la poitrine et l' abdomen horriblement brûlées.
Il fit le récit suivant :
A son arrivée à la prison, Brisset dut comparaître
devant un « tribunal » composé de six détenus,
figurant le président, le commissaire du gouvernement, le capitaine
de gendarmerie et deux gendarmes, qui le condamna au « supplice
du toréador ». Alors, il fut déshabillé et
ligoté. Le détenu qui jouait le rôle du capitaine
de gendarmerie alluma une torche de papier et l' approcha de la poitrine
du malheureux.
Par crainte de représailles, Brisset ne dénonça
pas les coupables et supporta sans se plaindre, pendant un mois de détention,
des souffrances horribles. L' enquête démontra que les
prisonniers arrivants étaient soumis à cette même
parodie de justice. Les uns étaient condamnés à
laver le linge de leurs juges ; d' autres étaient passés
« à la couverture » ; d' autres encore devaient exécuter
un cake-walk qui se terminait par des voies de fait.
Il est inoui que de pareils faits puissent se passer dans une prison.
Et l' opinion publique, très justement émue, réclame
un peu plus de surveillance et de sévérité.