UNE EXÉCUTION CAPITALE
AU SIAM

Notre gravure représente une exécution
qui eut lieu récemment à Pitsanoulok, au Siam. Les détails
de cette exécution sont d'un pittoresque singulier.
Le condamné, après avoir assisté à l'office
bouddhique à la pagode, fut conduit au lieu du supplice.
Là, se tenaient deux bourreaux habillés de rouge de la
tête aux pieds ; mais l'un des deux s'était dissimulé
derrière des arbustes. C'était celui qui devait procéder
à l'exécution. L'autre était là pour occuper
l'attention du patient. A cet effet, il était allé couper
une feuille de bananier, l'avait posée à terre, et fait
asseoir le condamné dessus, de façon qu'il fût séparé
complètement de terre, ce qui, d'après les bonzes, doit
lui faciliter le grand voyage. Cela fait, le bourreau planta un piquet
derrière le condamné et lui lia les biceps en tirant ses
bras en arrière, forçant ainsi le patient à pencher
la tête en avant.
Durant ces préliminaires, le faux bourreau avait posé
son sabre en avant du condamné, à quelques pas, pour que
celui-ci s'hypnotisât à regarder l'instrument fatal, et,
gagné par la lassitude, laissât suffisamment pencher sa
tête.
A Pitsanoulok, cette attente a duré près d'une heure.
Au moment favorable, le bourreau caché en arrière, dans
la brousse, en sortit et se livra à une danse, en faisant des
moulinets avec son sabre, tout en s'avançant vers sa victime.
Le sabre se leva, un éclair jaillit, et la tête tomba.
Le Petit Journal illustré
du 21 Mai 1911