LA LEÇON DU " TITANIC "


Exercice de mise à l'eau des canots de sauvetage sur un paquebot

Une leçon de prudence s'est dégagée de la catastrophe du Titanic. Depuis lors on fait, sur les paquebots des diverses compagnies européennes, des exercices d'embarquement dans les canots de sauvetage. Et c'est une sage précaution qu'on ne peut qu'approuver.
On ne doit pas effrayer les passagers, mais il est plus dangereux, de leur cacher le danger que de le leur montrer sans exagération et de les armer contre lui. Agir autrement, c'est imiter l'autruche qui, poursuivie par le chasseur, se met la tête derrière une pierre et s'imagine qu'on ne la voit pas.
Les voyageurs ne sont pas des enfants. Ils savent bien que les bateaux, si perfectionnés qu'ils soient, si parfaites que soient leurs cloisons étanches, sont toujours à la merci d'un abordage dans le brouillard ou d'une tempête qui le jettera sur un récif. Mieux vaut donc les préparer à se conduire intelligemment et courageusement en pareil cas, que de les tenir dans une ignorance funeste pour eux-mêmes autant que pour les autres.
Il est donc bon de les informer par une notice qu'on doit leur remettre dès l'embarquement, du numéro et de l'emplacement du canot qu'ils devraient prendre à la première alarme, et de leur faire exécuter une répétition du sauvetage, ceindre la ceinture, monter en bon ordre sur le pont, se ranger autour du canot désigné, et y prendre place sous la direction. des officiers.
Les passagers, justement impressionnés par le souvenir du Titanic, se prêtent généralement sans mauvaise humeur et sans indifférence à ces expériences.
Elles ne sont d'ailleurs pas de nature à les effrayer, au contraire : elles ne peuvent que leur donner confiance. Ils n'en pensent ni plus, ni moins aux éventualités tragique qui peuvent se produire au cours de leur voyage, mais si ces éventualités se produisant, ils savent, du moins, ce qu'ils ont à faire et ils n'en ont que plus d'espoir de se sauver.

Le Petit Journal illustré du 2 Juin 1912