LE COLONEL MANGIN A MARRAKECH

La délivrance des Français
prisonniers
Ce fut une marche superbe que celle du colonel
Mangin sur Marrakech. On sait que depuis quelque temps cette ville était
aux mains du prétendant El Heiba et de ses « hommes bleus
». El Heiba tenait prisonniers dans la ville plusieurs de nos
compatriotes sur le sort desquels on était justement inquiet.
Or, le prétendant ne tarda pas à se rendre, dans la ville,
profondément impopulaire, par son incapacité administrative
et par les excès de ses gens.
Quelques grands caïds et autres hauts personnages indigènes
firent alors pressentir le général Lyautey, lui promettant
de préparer la population à bien accueillir nos troupes,
et lui assurant qu'ils veilleraient à la sécurité
des Français prisonniers d'El Heiba.
Celui-ci avait mis à leur délivrance des conditions inacceptables,
telle que celle de le reconnaître sultan du sud. Comme d'autre
part les fanatiques pouvaient provoquer à Marrakech, un soulèvement
général qui mettrait en péril la vie de nos compatriotes,
le général Lyautey estima que l'heure était venue
de marcher sur la capitale du sud.
Le colonel Mangin partit avec ses six bataillons, deux batteries et
demie, trois escadrons et ses goums. Cela fit dans le Haouz un déploiement
de forces imposant qui ne put pas manquer d'impressionner les populations.
Quand les Français entrèrent à Marrakech, ils constatèrent
qu'El Heiba avait fui avec ses partisans. Les neuf Français prisonniers
avaient été déjà délivrés
par le caïd El Glaouï.
Ce sont MM. Maigret, consul de France ; Monge, chancelier du consulat
; le commandant Verlet-Hanus, le médecin-major Guichard, le lieutenant
Haring, commandant le tabor de police ; le lieutenant algérien
Kouadi, le maréchal des logis Fiori et deux autres sous-officiers
du tabor.
Le Petit Journal illustré
du 22 septembre 1912