L`ARTILLEUR HÉROÏQUE


C'est un glorieux incident de la campagne entre la Marne et l'Aisne.
A V... les Allemands avaient de l'artillerie et des forces d' infanterie supérieurs.
Les troupes françaises, en nombre très inférieur et avec des canons de moindre portée, furent contraintes de se retirer.
Pourtant, un canon français resta en action. Ce canon était servi, raconte un témoin oculaire, par un canonnier qui avait juré de n'abandonner son poste qu'à près avoir épuisé toutes ses munitions. Il ne cessa d'envoyer des obus sur les Allemands dont la colonne avançais d'une façon continue, mais bien que son tir leur causât des pertes très grosses, il lui fut impossible de les arrêter.
Peu à peu l'ennemi se rapprocha. Le canonnier français avait encore douze obus quand les Allemand étaient à trois cents mètres ; quand son dernier obus eut été tiré, l'ennemi n'était plus qu'à cent mètres.
Alors, avec beaucoup de sang-froid, il enleva la culasse de sa pièce et réussit à s'échapper sans autre blessure qu'une balle dans le côté.
Des témoins dignes de foi disent que ce canonnier a tué à lui seul plusieurs centaines d'hommes à l'ennemi.

Le Petit Journal illustré du 29 novembre 1914