LA CHARITÉ DU POILU


La scène touchante que reproduit cette gravure a dû se reproduire maintes et mainte fois depuis le commencement de la guerre, car nos braves soldats ont manifesté partout ce noble esprit de charité et de solidarité nationale qui n'a cessé d'animer tous les Français.
Après des attaques victorieuses, nos troupes, ayant reconquis des villages longtemps occupés par l'ennemi, en ont trouvé le plus souvent les habitants dans le plus affreux dénûment. Les Boches avaient tout réquisitionné ; tout pillé ; tout pris. Les malheureux paysans n'avaient plus rien ; plus rien que leurs yeux pour pleurer.
Mais l'arrivée de nos soldats ramenait là sécurité et allait rendre, quelque bien être aux malheureux que l'invasion avait ruinés.
Cependant le ravitaillement des régions naguère occupées par l'ennemi ne pouvait s'effectuer immédiatement et, il fallait parer au plus pressé.
Les malheureux Français opprimés par les Boches manquaient de tout. Et c'est alors qu'on vit les soldats partager avec eux leurs vivres de réserve.
La charité du poilu s'est ainsi exercée en maints endroits. Et cette scène qui montre un brave soldat donnant sa miche à une pauvre femme, c'est l'illustration même de l'âme française, de l'âme héroïque et charitable de nos poilus.

 

Le Petit Journal illustré du 9 janvier 1916