LE ZEPPELIN EST PASSÉ

C'est le pendant de l'impressionnante composition
que nous avons publiée, il y a quinze jours « Le Taube
est passé ». Le Zeppelin est passé, lui aussi, il
a fait d'innocentes victimes : des vieillards, des femmes, des enfants.
Et, de nouveau, nous répéterons : Voilà ce qu'ils
appellent faire la guerre !
Lorsqu'il y a presque un an, les monstres aériens du comte Zeppelin
vinrent pour la première fois sur la capitale, un journal allemand,
rendant compte de ce raid, intitulait son article « Une nuit de
terreur à Paris. »
De la terreur ! ... Ah ! certes non, ce n'est point de la terreur qu'éprouva
la population parisienne ; ce fut, la première fois, de la curiosité
narquoise, cette fois, de la curiosité encore, mais de la curiosité
mêlée d'indignation pour les procédés infâmes
de ces aéronautes allemands qui viennent jeter des bombes, non
point sur des ouvrages militaires, sur des forts, sur des camps, mais
sur des quartiers populeux habités par des familles sans défense.
Ils peuvent être fiers de leur randonnée, les Barbares
: vingt-six morts, vingt-neuf blessés, tous de pauvres gens inoffensifs,
des ménagères, des fillettes, même des bébés
au berceau. Quelle prouesse et comme cela honore la glorieuse Allemagne
!
Ici gît une pauvre vieille femme de 71 ans ; là-bas un
vieil ouvrier de 66 ans. Ailleurs, toute une petite famille, la mère,
les enfants assassinés. Que la lecture de cette énumération
sera agréable au coeur du Kaiser : « Mme Leriche, 34 ans,
tuée ; Leriche (Raymond), 8 ans, tué ; Leriche (Andrée),
18 mois, tuée. » Voilà, les terribles ennemis dont
le Zeppelin a triomphé.
Belle victoire, en vérité, dont le résultat sera,
aux yeux du monde, aux yeux des neutres, d'affirmer une fois de plus
l'inconcevable barbarie tudesque et de jeter sur l'Allemagne un peu
plus de honte, un peu plus d'ignominie.