Les mitrailleurs héroïques

Quand on étudie les combats autour de Verdun,
un fait s'impose à l'attention : c'est le rôle aussi brillant
qu'utile de nos compagnies de mitrailleurs.
Au cours de la retraite effectuée du 21 au 25 février,
les mitrailleurs se sont prodigués pour protéger la marche
des colonnes et leur permettre de s'installer sur les positions de repli.
Un trait entre mille pour donner une idée de leur bravoure. Au
moment le plus violent de l'attaque allemande, un mitrailleur zouave
avait réussi à dégager sa pièce ensevelie
par l'explosion d'un obus et il l'emportait en compagnie d'un camarade
lorsqu'il aperçut l'ennemi qui débouchait à courte
distance. Nos hommes, sans s'émouvoir, s'installèrent
dans le trou d'obus fraîchement creusé. L'un des deux zouaves
prêta son épaule pour porter la mitrailleuse à la
hauteur voulue et pour que l'autre puisse aisément la pointer.
Ces deux zouaves brûlèrent ainsi toutes leurs cartouches
et après avoir arrêté la marche de la section qui
s'avançait contre eux en lui causant d'énormes pertes,
furent assez heureux pour battre en retraite avec leur pièce.
Les mitrailleurs, sur tous les points du front menacé, ont prouvé
pareillement leur esprit d'à-propos, leur courage et l'efficacité
de leur action.