LA BATAILLE DE VERDUN

Nous donnons à nos lecteurs une vue d'ensemble
de ce terrain désormais historique où se déroulent,
depuis le 21 février, des événements qui compteront
parmi les plus considérables de l'histoire.
Résumons rapidement les phases de ces combats de géants.
Du 21 au 23 février, se produit la première attaque allemande.
Préparation d'artillerie formidable. Trois corps d'armée
attaquent nos positions sur la ligne de Brahant-sur-Meuse au bois des
Caures. La ligne française se replie.
Le 24 février au matin, l'ordre arrive de tenir sur les positions
de la rive droite. Les Allemands, le 25, parviennent jusqu'à
Douaumont. Deux de leurs régiments d'infanterie occupent les
ruines du fort : ce sera le point extrême de leur avance. Le 25
février, en effet, cinq contre-attaques françaises repoussent
l'ennemi au-delà de Douaumont, et la garnison allemande du fort
demeure isolée du reste des forces ennemies.
Une accalmie se produit qui dure deux jours. Du 2 au 5 mars, les Allemands
recommencent leurs attaques sur Douaumont et subissent des pertes considérables.
Ils sont repoussés partout.
C'est alors que l'ennemi commence ses attaques à l'ouest de la
Meuse. Il enlève Forges, Regneville, la côte 265 et le
bois des Corbeaux, que les nôtres lui reprennent bientôt
par une vigoureuse contre-attaque.
Le 9 mars est marqué par l'attaque sur le village et le fort
de Vaux. L'ennemi est décimé. Même résultat
pour les attaques qui se produisent le 10 mars à l'ouest de Douaumont.
Une nouvelle accalmie se produit du 11 au 18 mars.
Du 14 au 20, attaques sur le front Béthincourt-Cumières
; au Mort-homme, l'ennemi subit des pertes considérables.
Le 20, sur la région de Malancourt et la forêt de Hesse,
l'ennemi déclenche une attaque formidable avec tous les moyens
en son pouvoir : canonnade intense, mines, obus suffocants, jets de
flammes, grenades. Les Allemands parviennent à s'établir
dans le bois d'Avocourt. Leurs tentatives des jours suivants échouent
; et le 29, dans un combat corps à corps, nos soldats les forcent
à reculer. Le réduit d'Avocourt est de nouveau en notre
possession.
Le 30, nouvelles attaques sur la région de Malancourt, qui coûtent
à l'ennemi les pertes les plus sanglantes. Les quelques progrès
qu'il a fait dans la région Haucourt-Bétaincourt décident
le général Pétain à évacuer la rive
nord du ruisseau de Forges puis Béthincourt.
Pour ce mince résultat, les Allemands ont lutté vingt
jours sans relâche et perdu 60% des effectifs engagés.
En Même temps, ils continuent leurs tentatives, d'ailleur infructueuses,
contre nos tranchées de Douaumont et les environs de Vaux. C'est
dans cette période ( nuit du 2 au 3 avril ) que la division du
général Mangin reprend le bois de la Caillette.
« Du 4 au 9, dit le Bulletin des Armées, nous
avons regagné le terrain momentanément perdu. Le 9 avril,
nous sommes revenus sur tout le front de l'attaque allemande »
Dés lors, l'ennemi va s'acharner sur Mort-Homme, sans pour cela
abandonner ses attaques vers Douaumont et vers Vaux.
Toutes ces rencontres se traduisent par des succès pour nos armes.
Petit à petit, les nôtres reprennent tous les avantages
que les Allemands avaient péniblement acquis dans les attaques
précédentes.
A la fin d' avril, l' ennemi paraît épuisé.
Pendant quatre jours, il se repose. Mais le 1er mai il reprend l'offensive
contre le Mort-Homme et Cumières. Il est rejeté au-delà
des positions qu' il occupait. C' est alors qu'abandonnant le Mort-Hommes,
il s'acharne sur la cote 304. Pendant sept jours il lutte sans pouvoir
atteindre la hauteur convoitée.
Ainsi, peu à peu, l'ennemi, piétinant sur place, attaquant
tantôt à l'est, tantôt à l'ouest, s'épuise
en vains efforts. Partout il trouve devant lui l'infranchissable barrière
qu'ont dressée et le génie des chefs et l'héroïsme
des soldats. La légende de l'invincibilité allemande,
déjà cruellement atteinte à la Marne, à
l'Yser, en Champagne, achève de s'effondrer devant Verdun.