L'héroïque défense du fort de Vaux


La défense dus fort de Vaux restera comme l'un des épisodes les plus héroïques, les plus glorieux des combats devant Verdun.
Le fort tient son nom du maréchal de Vaux, qui le fit construire pour la défense de Verdun.
Le maréchal de Vaux fut, en effet, l'un des précurseurs de la construction de tranchées comme défenses accessoires d'une place forte.
Pendant cent jours au moins, l'offensive allemande s'est poursuivie sans relâche contre le plateau de Vaux et le fort qui le domine. Des régiments, des brigades, des divisions ont fondu sous notre feu au cours d'assauts multipliés et longtemps infructueux. Pour conquérir cette croupe, l'Allemagne a sacrifié l'élite de ses soldats. S'il lui faut acheter à ce prix chaque parcelle nouvelle du sol français, le moment viendra bientôt où elle succombera d'épuisement à la tâche.
En tout cas, la défense du fort de Vaux demeurera parmi les épisodes les plus glorieux de la grande bataille et même de la grande guerre, et le nom du commandant Rayant, qui y présida, restera dans l'Histoire comme il est aujourd'hui gravé dans le coeur de tous les Français,
La Commandant Raynal est sorti du rang. A 21 ans il s'engageait au 123e de ligne et six ans après, le 1 avril 1891, il était nommé sous-lieutenant au 3e tirailleurs, sortant de Saint-Maixent avec le numéro 1.
Lieutenant le 1er avril 1893, chevalier de la Légion d'honneur en juillet 1900, ses nominations au grade de capitaine (28 mai 1902 ) puis de chef de bataillon (23 juin 1913) sont faites au choix.
Peu de temps après là déclaration de guerre, le 24 août 1914, le commandant Raynal est versé eu 3e zouaves ; il est blessé une première fois le 14 septembre 1914 et une seconde fois le 3 octobre 1915 ; il est alors cité à l'ordre de l'armée en ces termes :
« Commandant l'avant-garde de son régiment le 14 septembre 1914, et ayant pris le contact, dès le matin à faible distance de l'ennemi fortement retranché, a immédiatement établi son bataillon sur ses points d'appui, l'y a maintenu énergiquement sous le feu de l'infanterie des mitrailleuses et de l'artilerie lourde allemande. Blessé sérieusement dans l'après-midi, a conservé le commandement de son bataillon, se tenant sur la 1re ligne pour y mieux assurer la direction du combat dans un terrain difficile et couvert jusqu'à ce qu'une trop grande perte de sang l'obligeât à se retirer. »
Le 11 janvier 1916, le commandant Raynal, est nommé officier de la Légion d'honneur avec cette citation :
« Officier supérieur de haute valeur morale et militaire. Blessé grièvement le 14 septembre 1914 et revenu au front où il n'a cessé de rendre les meilleurs services. Blessé à nouveau très grièvement le 3 octobre 1915 alors qu'il procédait avec sang-froid et méthode à la reconnaissance du secteur de son bataillon (Croix de guerre). »
Il y a un mois, le commandant Raynal, insuffisamment guéri de ses blessures et ne pouvant encore prendre la direction d'une unité en campagne, avait, formellement demandé le commandement d'un fort. On lui assigna le fort de Vaux où il vient de se distinguer si magnifiquement, et où il a gagné, par son énergique résistance, la cravate de commandeur de la Légion d'honneur.

 

Le Petit Journal illustré du 25 juin 1916