UN BEL EXPLOIT
Huit hommes, conduits par un capitaine,
prennent un fortin, aux Allemands
C'est un des incidents héroïques
de la bataille de la Somme.
Un fortin allemand résistait aux attaques des nôtres. Le
capitaine V... dit :
- Je le prendrai par surprise !
Et, par un de ces coups d'audace inouïs qui semblent invraisemblables,
il réussit.
Le capitaine V... était parvenu à connaître l'emplacement
exact du boyau menant au fortin. A quatorze heures, le 10 juillet, suivi
d'une petite troupe de braves, le sous-lieutenant B..., le sergent M...,
le fourrier M.., le caporal T..., les cyclistes M..., M... et S... et
le clairon D..., il partit. Il arriva d'un côté, le sous-lieutenant
B... de l'autre avec les hommes. D'abord il pénétra seul
dans l'ouvrage. Il ne vit rien autour de lui. Tous les Allemands étaient
terrés. Il ordonna : « Dehors ! » Un groupe se montra.
puis un autre avec un feldwebel, qui paraissait l'âme de la défense,
car les officiers continuaient de demeurer sous la terre. Ces Allemands
regardaient avec surprise le français isolé au milieu
d'eux. Ce fut très court. Le capitaine V.. sentit qu'il ne allait
pas hésiter ; d'un coup de revolver il abattit le premier ennemi,
puis il cria :
« En avant ! » Ses huit hommes arrivèrent. Les Allemands
cessèrent aussitôt toute résistance. Bientôt
le chef et ses braves revinrent, conduisant la file de leurs prisonniers
: deux officiers, cent douze hommes.
Le fortin de Biaches était à nous.
Le capitaine V... a été cité à l'ordre de
l'armée avec le motif suivant : « Officier d'un courage
légendaire. Le 10 juillet 1916, à la tête d'un groupe
de huit hommes, s'est avec une audace inouïe, emparé d'un
fortin occupé par une compagnie ennemie et trois mitrailleuses
qui, depuis vingt-quatre heures, tenaient nos troupes en échec
et y avait 114 prisonniers, dont 2 officiers. » Les compagnons
du capitaine ont eu, par des motifs pareils, la même récompense.