FIDÉLITÉ

 


« Mirza », la chienne des tranchées, qui ne voulait pas abandonner la tombe de son maître.

Mirza, la petite chienne du front, a donné aux hommes une belle leçon de fidélité et d'amour. Son maître était soldat sous Verdun. Elle l'avait suivi de la ville à la bataille. Elle ne voulait point se séparer de lui. L'obus ne suffisait point à l'effayer. Elle était la chienne du soldat Cuny, et où allait le soldat Cuny Mirza se rendait sans crainte Une balle passa. L'homme tomba. Il était mort. On l'enterra. Mirza, dès lors, sut son nouveau devoir. Sur la tombe, elle resta. Elle y serait restée longtemps encore, toujours peut-être, si l'un des camarades du poilu défunt ne l'avait de force emmenée à Paris, en venant en permission, pour la confier à de braves gens.
Mirza ne mérite-t-elle pas d'être admirée par le plus grand nombre ? Mais, pour Dieu, qu'on ne permette pas à cette affectueuse petite bête de prendre l'air sur le pas de la porte, en son nouveau logis. Sans nul doute, elle connaîtrait le lasso de fil de fer, la voiture de la mort et la fin qui guette tant de chiens de la grande ville, sur la table de vivisection.

Le Petit Journal illustré du 10 septembre 1916