L'ARMÉE ROUMAINE

La Roumanie qui compte une population
de sept millions et demi d'habitants, pourrait, par une levée
complète comme aura été celle des principaux belligérants,
mobiliser environ un million d'hommes. La loi de recrutement, de 1908,
modifiée en 1913, oblige au service militaire personnel de 21
ans à 46 ans tout citoyen en état de porter les armes.
Mais dès 19 ans les jeunes gens sont à la disposition
du ministre de la Guerre et doivent prendre part à un entraînement
en préparatoire.
En temps de paix, l'armée roumaine compte cinq corps d'armée
à deux divisions.
L'infanterie comprend 40 régiments actifs et 40 de réserve
à 3 bataillons, 20 bataillons de chasseurs à pied, 1 brigade
de gardes-frontière (granicieri) comptant 6 bataillons. Soit
un total de 266 bataillons.
La cavalerie comprend 10 régiments de « Rosieri »,
hussards rouges, et 10 régiments de « Calarashi »,
hussards noirs, à 4 escadrons. Soit 40 escadrons.
Le service dans la cavalerie n'est que de : 130 jours la première
année ; 40 jours la deuxième année ; 30 jours la
troisième année.
Les jeunes gens admis à ce service possèdent chez eux
et entretiennent un cheval qu'ils doivent amener à chaque convocation
ou à la mobilisation.
L'artillerie compte, 20 régiments, d'artillerie de campagne à
6 batteries de 4 pièces de 75, 480 pièces ;
5 régiments d'artillerie de campagne de réserve 160 pièces.
Un nombre indéterminé de batteries d'obusiers de 105 à
tir rapide et de batteries lourdes.
Notons que le général Iliesco, qui commande en chef l'armée
roumaine, s'est formé dans nos écoles militaires françaises.
« A l'École Polytechnique, disait l'autre jour un de ses
anciens condisciples, il était assurément, et de beaucoup,
le plus brillant, des « crocodiles, » comme nous
appelions les élèves étrangers. Svelte, élégant,
le visage enflammé, le coeur aussi, je crois facilement enflammable,
il me ressemblait en aucune façon au type classique du morose
« pipo » ; on l'aurait plutôt pris pour un étudiant
en droit ou pour le plus entraînant des sous-lieutenants de cavalerie.
Mais le particulier est que sous ces dehors, comment dire, un peu flambants,
il avait la tête la plus solide et la mieux faite pour les connaissances
scientifiques. C'était merveille de le voir franchir. en se jouant,
comme des obstacles de l'hippodrome, les plus ardues difficultés.
« Il y avait en lui une avidité de connaître et de
comprendre, et en même temps une sûreté de mécanisme
intellectuel, qui nous le faisaient admirer cordialement. Il était
d'ailleurs le plus sûr et le plus agréable des camarades.
Très gentilhomme avec cela, et l'esprit prompt à la réplique.
»
Après Polytechnique le futur général alla à
l'École d'application de Fontainebleau et ne s'y fit pas moins
remarquer par ses merveilleuses aptitudes.
« Je suis sûr, disait son ancien camarade en évoquant
ses succès, qu'il va commencer par de grandes victoires... »
On sait comment le général Iliesco et l'armée roumaine
ont justifié cette prévision.