Calendrier du “ Petit
journal 1917 ”

Comme de coutume, le Supplément Illustré
du Petit Journal offre ses lecteurs un calendrier illustré
pour l'année qui va s'ouvrir.
Rappelons ce propos, en quelques mots l'histoire du calendrier.
C'est d'elle surtout qu'on peut dire qu'elle se perd dans la nuit des
temps.
L'usage du calendrier remonte à la civilisation de l'antique
Chaldé, peut-être même haut encore, car il est certain
que les anciens chinois connurent l'art de dénombrer les jours
et de les diviser suivant le cours des astres.
Mais tenons-nous en aux calendriers qui sont encore en usage aujourd'hui.
Le premier en date est le calendrier israélite. Il assigne, comme
point de départ à sa numération l'époque
présumée de la création du monde suivant la Bible.
L'année qui va commencer sera, si je ne me trompe la cinq mille
six cent soixante-dix-septième du calendrier israélite
Vient ensuite le calendrier Julien, imaginé par Jules César
en l'an 46 avant J-C., et dont se servent encore les Russes et les Grecs.
Ce calendrier ne concorde pas exactement avec l'année véritable.
Le Grégoire XIII, frappé par cette anomalie, entreprit
en 1582 de réformer le calendrier Julien, qui retardait alors
de dix jours. De cette réforme naquit le calendrier Grégorien
qui nous régi encore.
Les Musulmans ont aussi leur calendrier qui part de l'Hégire,
c'est-à-dire de la fuite de Mahomet de La Mecque, et qui n'en
est qu'a son treizième siècle.
Enfin, le calendrier le plus récent est le calendrier républicain
dont le point de départ est le 22 septembre 1792, jour de la
proclamation de la République. Il était composé
de douze mois de trente jours chacun et de cinq jours complémentaires
appelés jours sans-culottides, et consacrés à
des fêtes spéciales. Un poète, Fabre d'Eglantine,
fut le parrain de ces mois républicains.
Afin de mieux toucher, l'âme populaire, il donna une forme symbolique
et imagée aux nomenclatures de son calendrier. Tous les jours
de l'année reçurent les noms des fruits, des plantes,
des instruments agricoles, des animaux domestiques.
Quant aux mois, il se basa, pour les dénommer, sur l'évolution
même de la nature ; ainsi, les mois d'automne s'appelèrent
vendémiaire, brumaire, frimaire ; ceux d'hiver, nivôse,
ventôse, pluviôse ; ceux du printemps, germinal, floréal,
prairial ; ceux de l'été, messidor, thermidor, fructidor.
Ces dénominations, qui caractérisaient de façon
si expressive, si harmonieuse et si exacte à la fois les périodes
de l'année, prouvent que les révolutionnaires d'alors
savaient du moins remplacer intelligemment ce qu'ils détruisaient.
Telle est l'histoire du calendrier ; tout au moins l'histoire de son
passé, car il se pourrait qu'un nouveau chapitre vînt s'y
ajouter.
Ne signalait-on pas l'autre jour une réforme préconisée
par nos astronomes et qui consisterait à nous faire un calendrier
nouveau d'après lequel chaque mois comporterait exactement quatre
semaines et chaque année treize mois.
Les partisans de cette réforme font observer avec raison que
l'époque serait bien choisie pour ouvrir une ère nouvelle
après les événements considérables qui en
ce moment, bouleversent le monde.
Le Petit Journal illustré
du 31 décembre 1916