LES SOLDATS LABOUREURS

On sait que la zone des armées va être
mise en culture avec le concours des soldats eux-mêmes. L'armée
sera divisée en secteurs de culture.
Le soldat-laboureur est un des sujets qui émurent le plus vivement
l'imagination et la sensibilité de nos pères.
Après les guerres de l'empire, le soldat-laboureur figuraient
partout, avait place à tous les foyers ; on le rencontrait sous
cadre doré dans les salons libéraux, le bourgeois et le
boutiquier l'honoraient d'une bordure de bois peint ; suspendu par quatre
clous, il avait sa place marquée à la muraille de l'ouvrier
et du paysan. Puis, les enseignes profitèrent de sa vogue, et
les devants de cheminée se disputèrent sa moustache grise,
son bonnet de police, sa croix d'honneur et sa bêche.
On joua, aux Variétés, en 1821, un vaudeville sous ce
titre qui eut le plus retentissant succès. Le soldat-laboureur,
le principal personnage, portait le nom significatif de Francoeur. Son
costume se composait d'un pantalon et de guêtres de toile grise,
d'un bonnet de police, d'une veste d'uniforme avec la croix d'honneur.
Lorsqu'il entrait en scène, il tenait une bêche sur son
épaule. Et, il chantait :
Au beau Pays qui m'a vu naître,
Utile jusqu'au dernier jour,
Apprenez que Francoeur veut être
Soldat, laboureur tour il tour.
les champs qui nourrissent ma mère.
Je dois savoir, en bon Français.
les défendre pendant la guerre,
Les labourer pendant la paix.
Nos soldats aujourd'hui savent même les
labourer pendant la guerre ; et, ainsi, ils assurent doublement la sauvegarde
de leur pays