Les premières étapes de la Victoire


Tandis que nos Alliés enlevaient aux Boches Bapaume, Péronne, et occupaient dans une seule journée de victoire soixante-trois villes et villages, l'avance de notre armée se produisait avec une vigueur non moins irrésistible dans le secteur de Roye et Lassigny. ( Voir le grand plan panoramique publié par le Supplément illustré du Petit Journal, le 4 mars).
C'étaient les points les plus rapprochés de Paris de l'occupation allemande. Ils tombèrent en un seul jour aux mains des nôtres.
Les Allemands, en quittant précipitamment Roye, n'avaient pas eu le temps d'évacuer huit cents habitants, qui se sont trouvés là au moment de l'entrée victorieuse de nos troupes.
Lorsque nos pointes d'avant-garde pénétrèrent dans Roye, des femmes, des vieillards et des enfants apparurent soudain, courant au-devant de nos soldats. Un seul cri sortait de leur bouche : « Vive la France ! »
Les soldats pleuraient d'émotion ; enfants, femmes, vieillards les embrassaient, leur serraient les mains.
Un gamin de douze ans entonna soudain la Marseillaise. Le chant fut repris aussitôt par tous.
Mais il s'agissait de poursuivre l'ennemi en retraite, et c'est aux accents de notre hymne national que nos pointes d'avant-garde, après un arrêt de quelques minutes, continuèrent leur marche en avant, hors de Roye.
C'était une formule communément employé, pour rappeler à ceux qui eussent été tentés de l'oublier la présence de l'ennemi à une centaine de kilomètres de Paris : « Les Allemands sont à Noyon », disait-on. Eh bien, depuis le 18 mars, les Allemands ne sont plus à Noyon, et leur fuite précipitée de cette ville et des villes de Roye et de Lassigny a marqué pour eux le début de la défaite définitive.
Tout le monde sait quel martyre ont subi pendant deux ans et demi ces villes occupées par les Boches. Mais ce triste souvenir s'effacera vite dans la joie de leur retour à la patrie.
Bapaume, Péronne, du côté de nos Alliés britanniques ; Roye, Lassigny, Noyon de notre côté, ce sont les premières étapes de la Victoire.

Le Petit Journal illustré du 1 avril 1917