Cruauté allemande

Lorsque le steamer anglais Belgian Prince
fut attaqué, le sous-marin qui le torpilla ordonna aux embarcations
contenant l'équipage de le rallier. Le capitaine fut fait prisonnier
et introduit à l'intérieur du sous-marin. Les hommes de
l'équipage du Belgian Prince, alignés sur le
pont du sous-marin, durent, à l'exception de huit d'entre eux,
remettre leurs ceintures de sauvetage. Les avirons furent enlevés
des embarcations et celles-ci rendues inutilisables à coup de
hache. Cela fait, l'équipage allemand réintégra
l'intérieur du sous-marin dont le capot fut fermé, laissant
sur le pont tous les hommes du Belgian Prince. « Tout
à coup, dit un témoin, nous sentîmes le sous-marin
s'enfoncer sous nos pieds et disparaître dans un remous qui entraîna
plusieurs d'entre nous... » Le commandant du sous-marin pensait
évidemment qu'aucun homme de l'équipage ne ne survivrait
pour révéler ces faits. Celui qui les relate aujourd'hui
est le chef-mécanicien du Belgian Prince ; il possédait
une ceinture de sauvetage, il soutint un mousse de seize ans jusqu'à
minuit, heure à laquelle celui-ci s'évanouit et mourut
dans ses bras. Il l'abandonna alors après lui avoir pris sa ceinture
de sauvetage. Au jour, il nagea vers le Belgian Prince resté
à flot, mais pour le voir couler au moment où il allait
l'atteindre. Dans le parcours, il avait passé auprès des
corps flottants de plusieurs de ses camarades. Il fut recueilli une
heure après la disparition du Belgian Prince.
Les dires du chef-mécanicien ont été confirmés
par un second survivant