NOS
GRAVURES

Le nouveau président
de la Chambre M. RAOUL PERET
M. Raoul Péret, qui vient de succéder à M.Paul
Deschanel comme président de la chambre, n'a pas encore 50 ans.
Il est né à Châtellerault le 2 novembre 1870.
Député de la Vienne, il entra à la Chambre en 1902.
Il a toujours été réélu depuis.
Il s'est fait surtout remarquer aux commissions de la réforme
judiciaire et du budget.
En 1913, M. Raoul Péret devint sous-secrétaire d'État
à l'Intérieur ; puis, en 1914, M. Doumergue lui confia
le portefeuille du Commerce. En septembre 1917, il entra comme garde
des sceaux dans le cabinet Painlevé et demeura place Vendôme
jusqu'à l'avènement du ministère Clemenceau.
***
A propos de cette nomination, faisons rapide historique de la présidence
de la Chambre des députés.
Le Conseil des Cinq-Cents, qui prit possession du Palais-Bourbon le
12 janvier 12 Janvier 1798, nommait tous les mois son président.
Jusqu'en 1804, le fauteuil fut ainsi occupé, un certain nombre
de représentants, presque tous sans notoriété.
C'est à peine si l'on trouve de temps à autre un nom illustre,
celui de Marie-Joseph Chénier, par exemple, et celui du savant
Daunou. Les autres présidents sont des personnages parfaitement
obscurs.
En 1804, Napoléon inaugure le système qui devait être
suivi par les Bourbons de la la branche aînée : il se réserve
la nomination du président sur une liste de cinq membres présentés
par la Chambre.
A partir de cette époque le fauteuil est occupé par des
hommes souvent remarquables et qui, pour la plupart, furent l'honneur
de la tribune française.
Citons quelques noms parmi les plus illustres:
Fontanes, qui présida de 1804
à 1810 ;
Régnier, duc de Massa, 1813-1814 ;
Lanjuinais, président de la Chambre des Représentants
pendant les Cent-Jours ;
Parquier, 1816-1817 ;
Royer-Collard, 1828-1830 ;
Casimir-Périer, 1830-1831;
Dupin aîné, 1832-1839 ;
Armand Marrast, 1848.
Et, sous le second Empire, le duc de Morny de 1854 à 1865 ; puis
Walewski, en 1886 ; et Schneider, de 1867 à 1870.
Sous la troisième République, les présidents de
la Chambre furent Jules Grévy, de 1871 à 1872 ; Buffet,
de 1872 à 1874 ; duc d'Audiffred-Pasquier, 1874 à 1876
; Jules Grévy, de 1876 jusqu'à la dissolution de le Chambre
en 1877. Il y revint l'année suivante et ne quitta le «
Petit Bourbon 6 que pour entrer à l'Élysée, en
1879. Gambetta, qui lui succéda, garda la présidence pendant
deux ans. Puis vinrent Henri. Frisson, de 1881 à 1885 ; Charles
floquet, de 1885 à 1889 ; Jules Méline, pendant les deux
sessions de 1889 ; Floquet, de 1889 à 1893 ; Charles Dupuy, en
1893 ; Burdeau, en 1894 ; Henri Brisson, de 1895 a 1898 -, Paul Deschanel,
de 1898 à 1902 ; Léon. Bourgeois, en 1902 et 1903 ; Brisson,
en 1904 ; Paul Doumer, en 1905 ; Paul. Deschanel, de 1906 jusqu'au 17
janvier dernier.
***
Un mot sur les ce « traitements » des Présidents.
Les membres du Conseil des Cinq Cents recevaient une indemnité
uniforme de 28 francs par jour. Les fonctions de président étant
mensuelles et électives, n'entraînaient avec elles aucun
supplément d'allocation.
En 1804, le président reçut 72.000 francs par an.
Sous la Restauration, le traitement du président fut porté
à cent mille francs.
En 1830, la Chambre décida que l'indemnité du Président
serait de 10.000 francs par mois de session, Plus tard, elle revint
sur sa décision. A partir du 1er janvier1837, le président
reçut 80.000 francs par an.
Un décret de l'Assemblée constituante du 6 juin 1848,
fixa à 4.000 francs par mois l'indemnité du président..
Le 18 mars 1852, Louis-Napoléon décréta que le
Président du Corps législatif recevrait annuellement 100.000
francs.
Enfin, depuis 1871, le traitement présidentiel est de 72.000
francs, auxquels s'ajoute l'indemnité attachée à
la fonction de député.
Ajoutons que le Président a en outre, logement, chauffage et
éclairage aux frais de l'Etat ; et que le « logement »
présidentiel est le délicieux palais du « Petit
Bourbon ».
Les photographies que nous donnons de ce superbe logis permettront à
nos lecteurs de constater que le Président de la Chambre n'est
pas trop mal logé.
Le Petit Journal Illustre du
dimanche 29 février 1920